Approche historique de Chapaize.

Un menhir sur la montée de Brancion, un menhir à mi-pente d'Uxelles, la voie romaine Mâcon-Autun dans la forêt, une source qui n'a jamais tari, Chapaize fût de tout temps un lieu de vie et de spiritualité. Des monnaies gallo-romaines, un puits du 5ème siècle, des squelettes du 8ème siècle, une fontaine sacrée (vestige de la chapelle St Léger 9ème siècle) où, jusqu'à la Révolution, se déroulaient des pèlerinages, témoignent du passé.

Au début du 11ème siècle, Hugues de Chalon fait appel à Guillaume de Volpiano pour réorganiser les monastères de la ville. C'est très vraisemblablement ce grand moine bâtisseur qui a construit St Martin de Chapaize (c. f. la monographie de Mme Rusel).

Ce monument est caractérisé par:

Nous trouvons là le pur style du premier art roman lombard du début du 11ème siècle.

Au 12ème siècle, la poussée latérale de la voûte en plein cintre est trop forte: le mur nord se déverse et la nef centrale s'effondre. Celle-ci est reconstruite en appareillage soigné de pierre de taille, tandis que la voûte est reconstruite en berceau brisé.

Dans l'église, les énormes piliers très purs et l'étonnante coupole font l'admiration des nombreux visiteurs.

La lumière a changé depuis l'origine: le chevet au 13ème siècle, les fenêtres latérales ouvertes plus tard éclairent la partie basse, alors que la lumière donnée par les fenêtres hautes de la nef et celles de la coupole n'était assistée au moyen-âge que par de fines meurtrières dans la partie basse.

Au 16ème siècle, malgré un mur d'enceinte fortifié (il subsiste une tour de défense au nord de l'église), les guerres de religion obligent les moines à se réfugier à Chalon s/Saône.

L'église devant église paroissiale au 17ème siècle. Les bâtiments monastiques étant à l'abandon ou ayant servi à construire les maisons autour de l'église, la Cure fût bâtie en 1743. De 1751 à 1785, elle fût habitée par le fameux curé de Chapaize, Nicolas Genost de la Forêt. Dix minutes pour la messe, dix heures sur son cheval, Ragotin, à la chasse tous les jours. Ses exploits ont été racontés par le Marquis de Foudras. On venait des "Châteaux" pour chasser avec le curé de Chapaize. Il fût même félicité par le roi Louis XV pour avoir tué un énorme loup qui faisait des ravages dans la région.

A cette époque, on recensait à Chapaize: plusieurs tisseurs de toile, un tailleur de pierre, un cordier, un charron, un maître-meunier, un apothicaire, un marchant mercier, plusieurs cordonniers, un maréchal-ferrant, un salpêtrier, un potier, un couvreur à tuiles et un couvreur à ardoises (pour les châteaux), un blanchisseur, des maçons, une sage-femme et un musicien.

En faisant le tour de l'église, on a une très belle vue sur le chevet et l'on découvre, au milieu du mur nord du clocher, une statue-colonne figurant un "méditant".

L'église St Martin a été restaurée pendant plusieurs campagnes de travail depuis une vingtaine d'années. Dans le hameau de Lancharre, un église du 12ème siècle, reste d'un monastère de chanoinesses abandonné par celles-ci au 18ème siècle, va bientôt être restaurée avec l'aide de l'Association des Amis des Eglises de Chapaize. Cette église contient re très belles pierres tombales.

La beauté de l'église St Martin de Chapaize et le charme du village ont depuis longtemps attiré les connaisseurs. Parmi eux, le Président de la République, François Mitterand, était venu plusieurs fois, accompagné en 1995 par M. et Mme Gorbatchev. Ils auront pu noter que la ligne d'arcature de la façade de l'église comprend onze arcs. Or, dans la symbolique des nombres, onze représente le moment où, enfin arrivé à la perfection, l'esprit revient définitivement à l'Esprit. Nous ne savons pas si les habitants de Chapaize sont arrivés à la perfection, mais ils y tendent!

Madame Yvonne Courson